Le milieu médical, l’industrie agro-alimentaire et leur Marketing astucieux nous le martèle sans cesse :
L’alimentation doit être riche en produits laitiers pour prévenir l’ostéoporose et améliorer l’état de santé, car le lait contient les nutriments essentiels, dont le calcium, le phosphore et la vitamine D pour le squelette.
Heureusement, une partie des médecins commencent, enfin, à penser que ces recommandations sont de l’ordre des idées reçues.
La récente étude observationnelle suédoise ébranle un peu plus cette recommandation. La prestigieuse revue «The British Medical Journal » vient de publier l’étude observationnelle des chercheurs l’Université d’Uppsala.
Elle portait sur plus de 150000 personnes suivies pendant presque 20 ans, a qui on demandait leur consommation d’aliments, dont le lait, les yaourts et le fromage.
Ils n’ont constaté aucune réduction du risque de fractures en lien avec une consommation accrue de lait.
Au contraire, les femmes qui buvaient au moins 3 verres de lait par jour présentaient un risque doublé de fracture (col fémoral surtout) et un taux de mortalité triplé. A chaque verre de lait supplémentaire correspond une augmentation de 15 % de la mortalité chez les femmes et 3% chez les hommes.
De plus, la consommation de lait était associée à des biomarqueurs du stress oxydant (concentration urinaire de 8-iso PGF1α) et à une inflammation chronique (taux d’interleukine 6).
Les auteurs, très prudents, incriminent le D-galactose qui agirait par l’intermédiaire du stress oxydatif et de l’inflammation (favorisant ostéoporose, athérome…) et mettent bien sûr en garde contre une interprétation trop rapide de ces résultats. Je fais confiance à mes quelques dinosaures de confrères pour ça!
Milk intake and risk of mortality and fractures in women and men: cohort studies BMJ 2014; 349 doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.g6015
Evidemment, je suis ni neutre ni objectif. Car à l’âge de 15 ans, j’ai arrêté ma grosse consommation de laitages (puis diminuer, car stopper m’est trop difficile).De plus, j’étais le premier médecin (le seul ?) à avoir fait ma thèse en 1994 sur le sujet avec feu le docteur montpelliérain Jean SEIGNALET – 1er chercheur médecin à s’y être intéressé sérieusement -: « Intérêt d’un régime riche en crudités excluant le blé et les laitages dans la Polyarthrite Rhumatoïde ». Je remercie encore les seuls professeurs Lyonnais qui ont risqué de faire partie du jury.
Jeune, on me traitait d’hurluberlu ; puis médecin, de charlatan. Ma résistance aux critiques étant limitée et mes arguments non compris, j’ai vite arrêté d’en parler. J’ai honte d’avoir abandonner mes convictions. Et c’est d’autres qui ont pris le relai, souvent avec de mauvais arguments simplistes et à l’excès.
J’invite à lire « L’alimentation ou la 3ème médecine » de J. Seignalet, paru en 1996 et les ouvrages de son ami, le Pr Henri Joyeux (ou mieux encore ses conférences rigolotes et motivantes sur le net).
Je viens de retrouver un texte écrit à ma fille de 5 ans, pendant une mission sur le Maroni en Guyane.
Extrait :
Lumineuse Elise, aujourd’hui, je vais te raconter comment j’ai découvert que : « le lait c’est une sacrée vacherie !».
J’avais 11 ans et les premiers boutons d’acné sur le visage et les épaules. Tu sais, ces sortes de points blancs, noirs puis bubons purulents qui m’ont laissé ces vilaines cicatrices.
C’est pas cet aspect fleuri qui m’embêtait le plus. C’était pas non plus les surnoms affectueux type « tricheur le matheux, t’as une calculatrice sur le front », ni les gentilles phrases comme «Laves toi au moins, t’as des vers de peau ». Non ! Ce dont j’avais horreur, c’est quand « on » me faisait les boutons. Quand je dis « on », c’est bien sûr mamie. Elle a vite commencé. D’abord, tartinage de pommades qui puent, si visqueuses que j’osais pas bouger une narine. Ça, encore, ça passait. La torture, c’est quand mamie m’implorait : « j’peux pas t’laisser comme ça. Faut t’enlever ces boutons. J’avais beau hurler de douleur, argumenter que ça me laisserait d’horribles cicatrices à vie. Rien l’en empêchait. Le rictus sardonique, la pointe de la langue coincée entre ses dents, elle ne s’arrêtait que lorsque le mouchoir était couvert de pus et de sang. Là, enfin apaisée, elle pouvait retourner à ses occupations.
Plus tard, c’est les copines qu’ont pris le relai. Enfin, « les » copines, c’est beaucoup dire, car y en a pas eu tant que j’ai eu ces bubons. Mais le plus déroutant, c’est qu’en cachette devant le miroir, après avoir jeté furtivement un regard à droite puis à gauche, je pressais moi-même sur un bouton bien mûr. C’était un de ces petits moments délicieux qui n’appartenaient qu’à moi. En général, c’est à ce moment là que ma mère surgissait : « Stop ! Tu fais ça comme un cochon, arrêtes, j’vais te montrer comment faire ».
Zut, faut que j’y aille! J’te dirais comment j’en suis venu à ma période crudités sans lait ni gluten, où je réussissais tout. Mais ça c’est une autre histoire…